La lanterne magique

Gustave Eiffel n’osait rien dire mais son dos commençait sérieusement à se ressentir de son trajet en carriole depuis Villers-Cotterêts. Il oublia toutefois l’inconfort du siège en bois lorsque le donjon de Vez s’offrit à sa vue. Un cri d’admiration lui échappa. L’industriel connaît pourtant déjà la région car il vient de construire un joli pont aérien sur le Mail, la promenade publique entre les deux bras de l’Ourcq, à la Ferté-Milon. Les Vadais n’ont pas grand-chose à envier au château de Louis d’Orléans qui fait la fierté des Milonais. Dominant avec majesté le village et la forêt alentour, leur donjon se dresse, entouré de remparts, au sommet d’une étroite éminence.
L’ingénieur s’est documenté sur ce lieu exceptionnel avant de le découvrir. Son propriétaire, Léon Dru, lui a raconté que son cher donjon fut la capitale du pays du Valois au Ve siècle puis une forteresse médiévale. Gustave Eiffel est charmé par tout ce qu’il découvre. Une fois monté au sommet du donjon, la superbe vue lui permet d’admirer l’abbaye du Lieu Restauré à proximité et la vallée de l’Automne où s’écoule paisiblement le fleuve du même nom. L’imagination de l’industriel s’envole vers le temps passé et redescend très vite sur terre à regret pour observer, d’un air averti, chaque détail de la charpente à refaire.

Le promeneur solitaire d'Ermenonville

Depuis qu’il est arrivé, Jean-Jacques Rousseau bénit le marquis de Girardin pour son invitation. La vie de son ami est en parfaite adéquation avec ses préceptes. Le parc, dans toute la splendeur du mois de juillet, ramènerait le soleil dans le cœur du plus infortuné des hommes.
Le promeneur monte vers la plus haute éminence du parc sur laquelle trône majestueusement le temple de la philosophie. À l’ombre de ce blanc édifice, assis sur les marches en pierre, l’écrivain contemple ses mains ridées. Il se sent ruine parmi les ruines, en harmonie avec ce qui l’entoure, prêt à s’enfoncer dans la terre, comme les quelques colonnes qu’il a sous les yeux, pour une rêverie intemporelle. Puis son regard se pose sur l’étendue d’eau qu’il surplombe et sur les arbres environnants. Du hêtre au peuplier grisard en passant par le tilleul à petites feuilles, le noyer hybride et le merisier, chacun a un charme, une majesté qui lui est propre.

Le Baäte de Brunehaut

ntre Soissons et Senlis s’étire une voie gallo-romaine, la chaussée Brunehaut. Depuis des temps immémoriaux, voyageurs, marchands, soldats, paysans, vagabonds, bestiaux, petites gens et personnes d’importance empruntent ses pavés. Une telle circulation éveille bien des intérêts et des convoitises.
Au cœur de la forêt de Compiègne, au plus profond des bois, se terre une joyeuse troupe de brigands. Ils n’ont de lois que les leurs et leur foi en leur chef : Caius le Baäte est inébranlable.
Le Baäte a la réputation d’être la meilleure des sentinelles du pays soissonnais. Il s’est particulièrement illustré lors de la Révolution en combattant aux côtés de Louis Antoine de Saint Just. Depuis qu’il s’est fait bandit de grand chemin, il a sauvé maintes fois sa vie et celles de ses hommes en montant la garde de jour comme de nuit. Ce chef indomptable a le sommeil rare et léger. Ses compères disent que le bruit du vent dans les arbres suffit à le mettre aux aguets. Il n’a confiance en personne et remet en question par trois fois chaque plan d’attaque jusqu’à ce qu’il en ait mis à jour toutes les failles. Cette rigueur ne l’empêche pas de goûter les plaisanteries, les cartes, les femmes et le bon vin mais, en toutes choses, il prêche la modération comme étant la meilleure sauvegarde pour un brigand.

Les aventures de Kooks

Kooks était un lapin parisien heureux et aimé. Du jour au lendemain, il quitte la capitale et son maître pour la vie à la campagne. Il y découvre l’ivresse de la liberté et l’amour. Son regard sur les hommes devient le nôtre : il nous raconte la manière de vivre des hommes, leur rapport à l’argent, le chômage, les problèmes de logement, les relations de couple, le mariage…Enchantement, dérision et humour sont au rendez-vous dans des aventures qui basculent progressivement du réalisme à l'onirisme, mêlant le surnaturel et le quotidien. Un lapin au pays des merveilles pour lecteurs de tous poils, un récit qui va réveiller votre sensibilité animale, une ode à la nature.