Justice par procuration - Extrait

Dans la minute qui suivit, Clémence, six ans, accompagnée de son loup de trois ans, fit irruption dans la cuisine, échevelée, essoufflée, poussiéreuse au possible.
« Eh bien, aurais-tu une requête à me faire assez urgente et qui motiverait cette intrusion ? »
─ Oui, maman Agathe-chérie-de-mon-cœur… C'était qui ? Wolf opina d'un souffle, avec piétinements rapides et impatients.
─ Je répondrai à ta question quand je te verrai revenir coiffée, époussetée, les mains propres… et en marchant.
─ Wolf aussi ?
─ Je lui épargne les mains propres !
Clémence brossa son loup dans le bac à douche, se coiffa à son tour, ramassa poils et cheveux, se lava les mains en les faisant mousser de plaisir, s'aspergea le visage à l'eau fraîche, sécha le tout convenablement et, satisfaite, se gratifia d'un large sourire dans son « miroir de princesse ».
Peu après, Agathe vit les deux complices s'asseoir à leur place respective en silence.
─ Alors, maman, quelles nouvelles ? Finit par demander Clémence d'un air mutin.
En déposant devant sa fille une assiette de purée au jus, fumante et odorante, elle répondit l'air mystérieux :
─ Tu ne t'en doutes pas ? Tu es plus perspicace, d'habitude !
Clémence, la bouche pleine, ne put retenir quelques jets de purée en répondant, toute excitée :
─ C'est tatie-marraine qui va venir ! Wolf, c'est tatie-marraine ! Des gloussements de joie accompagnèrent la déglutition de la nourriture et Wolf put profiter des retombées…

Venge-moi - Extrait

Marie traversa le jardin. Les roses épanouies et les violettes nichées dans leur abri de fraîcheur, l'accueillirent de leurs senteurs enivrantes. Elle tourna lentement la clé dans la serrure, abaissa la poignée de la porte vitrée… et la maison la reconnut.
Le sentiment d'être à nouveau elle-même l'envahit comme une vague à son flux, une vague bienfaisante qui l'apaisa et la fit sourire. Alors, les images du passé revinrent en force, s'entrechoquant, s'imposant avec autorité. Marie entendait les mots, les plaintes et les rires d'autrefois. Elle laissa faire jusqu'à ce que le calme revienne de lui-même, jusqu'à ce que tout reprenne sa place, comme un fouillis de photos dans son album.
Ouvrir les fenêtres, faire entrer à nouveau la lumière, l'air marin, les chats qui, certainement surpris par l'intrusion, restaient momentanément cachés. Revivre enfin.
Un air léger enveloppait le jardin, se glissait entre les feuilles frémissantes et faisait danser les fleurs. Fermer les yeux, se laisser baigner par la lumière, retrouver des souvenirs dans les odeurs et les parfums… les bruits multiples et confondus…
Il fallait laisser du temps… au temps des retrouvailles.
Tout à coup, un nuage passa devant le soleil, Marie enfouit son visage dans ses mains, la présence de sa collègue de classe emplit l'espace comme pendant ses deux ans de coma du fond duquel, régulièrement, cette dernière l'appelait au secours. Frissonnante, excédée, la jeune femme s'accroupit devant la fenêtre : « qu'est-ce que tu veux, à la fin ? »

La fille à l'ombrelle - poésie

Je suis la fille à l’ombrelle
Robe de voile, cœur en dentelles
C’est comme ça que les gens m’appellent
À Surabaya
L’air y est moite et il fait chaud
Mon corps se perle de gouttes d’eau
Pas un souffle pour sécher ma peau
C’est Surabaya
Le long des routes de terre battue
Dans un ciel rouge, un soleil rouge
Je déambule les pieds nus
Dans Surabaya
Je longe les rails, les canaux
Les champs de thé et de pavot
Des champs déserts, vagues de verts
Dansent autour de moi
Les gens que je croise sont beaux
Et leurs étoffes tout de blanc
Illuminent leur brun chaud
Et Surabaya
Plus je m’avance dans le soir
Parmi les âmes, maisons bambous
Plus je disparais aux regards
Dans Surabaya
Et à l’instant même où je passe
Mes traces de pas déjà s’effacent
Dans la poussière et les lumières
De Surabaya

Les aventures de Kooks

Kooks était un lapin parisien heureux et aimé. Du jour au lendemain, il quitte la capitale et son maître pour la vie à la campagne. Il y découvre l’ivresse de la liberté et l’amour. Son regard sur les hommes devient le nôtre : il nous raconte la manière de vivre des hommes, leur rapport à l’argent, le chômage, les problèmes de logement, les relations de couple, le mariage…Enchantement, dérision et humour sont au rendez-vous dans des aventures qui basculent progressivement du réalisme à l'onirisme, mêlant le surnaturel et le quotidien. Un lapin au pays des merveilles pour lecteurs de tous poils, un récit qui va réveiller votre sensibilité animale, une ode à la nature.