extrait 2

L’enfant était maussade. Elle n’avait aucune envie d’intégrer ce lieu inconnu qui ne lui disait rien qui vaille. Elle aurait de beaucoup préféré rester dans le monde qu’elle se créait chaque jour un peu plus et qui représentait, à ses yeux, la seule valeur méritant d’être reconnue.

Elle n’était toutefois pas, à cette époque, tout-à-fait hermétique au monde extérieur, appréciant les promenades au bord de l’eau ou en forêt où, la main dans celle de son père, elle découvrait végétation et senteurs nouvelles, s’émerveillant de la découverte d’un écureuil ou d’une grenouille, fondant de tendresse devant un chat ou un chien rencontré au hasard d’un chemin.

La maladie, tout à son début, lui en laissait encore le loisir. Elle n’avait pas alors totalement investi son esprit et ne l’enfermerait que bien des années plus tard dans cette prison mentale qu’Aimée ne quitterait jamais, et qui commençait lentement et silencieusement à ériger ses hauts murs.

extrait 1

Pompon ressentait un vague danger, mais ne savait pas encore l’objectiver. Il découvrirait bien plus tard qu’il faisait partie d’un étrange cheptel félin, ombres fuyantes qui hantaient l’immense parc d’un établissement hospitalier.

L’asile de fous ! Tel était le lieu où le capricieux destin avait décidé de le faire naître. Bien sûr, cette appellation péjorative avait, depuis quelques années, fait place à un reluisant « Centre Hospitalier Spécialisé » baptisé du nom d’un éminent psychiatre.

Ce n’était toutefois pas la préoccupation essentielle du chaton ; là ou ailleurs, quelle différence ? Il tétait, il dormait, et les toilettes minutieuses de sa mère, même si elles étaient parfois un peu trop énergiques et l’envoyaient les quatre fers en l’air, étaient somme toute, très rassurantes.

extrait 3

Les « fous » ont toujours engendré une peur viscérale, certes parfois justifiée, mais souvent alimentée par d’obscurs et ancestraux fantasmes, eux-mêmes renforcés par la littérature et le cinéma. Rejetés par la société, diabolisés, ces malades payèrent souvent un prix démesuré à la superstition et au sadisme.

L’hôpital était construit en plein centre ville et de hauts murs en pierre meulière en déterminaient l’enceinte. Hauts murs qui distillaient une inquiétude larvée aux passants, sachant ce qu’ils recelaient, mais qui les rassuraient en même temps. Les « fous » étaient bien enfermés.
« Dormez en paix, braves gens. »

Pompon ignorait bien sûr tout cela et se baladait tranquillement dans son royaume. Qu’elles étaient jolies, ces fleurs qui longeaient les pelouses ! La terre meuble dans laquelle elles étaient plantées était propice à bien des besoins naturels, ce qui ferait rouspéter les jardiniers.

extrait 4

Incroyable, l’apaisement que l’animal pouvait lui apporter… Diane n’avait bien sûr pas gommé sa mauvaise journée, mais la considérait avec plus de distance. Les propos désobligeants de ses confrères avaient soudain moins d’importance. Elle dédramatisait. Même l’étau qui serrait sa poitrine se relâchait un peu. La cure de « ronronthérapie » s’avérait efficace.

On commençait à parler de l’ « animal thérapeutique ». C’en étaient les prémices. La majorité des médecins, psys ou autres, considéraient ces thérapies modernes avec mépris, et leurs confrères qui y adhéraient comme de doux dingues. Pourtant, on ne pouvait nier les bénéfices de l’équithérapie, notamment chez les autistes. Ces malades, enfermés en eux-mêmes, incapables de tisser un lien quelconque avec autrui, parvenaient à communiquer si bien avec leur cheval qu’ils étaient parfois capables de leur faire exécuter des exercices complexes, dignes des hautes écoles d’équitation.
Et que dire des chats ? Il était reconnu que leur simple présence diminuait le stress de leur maître et faisait même baisser leur hypertension. Diane en ressentait chaque jour le bien-être.

Des chats dans l'asile ?

Les hauts murs d’un hôpital psychiatrique…
Au fond du parc se dresse un inquiétant pavillon appelé « Unité pour Malades Difficiles » : la prison des fous, qui abrite ces patients dangereux que leur folie a conduits à de terribles actes.
Aimée est de ceux-là. Prisonnière depuis vingt ans de ses ombres et de son lourd passé.
Une jeune psychiatre aux idées novatrices tentera de resocialiser ces êtres à l’esprit perdu grâce aux vertus encore méconnues de l’ « animal thérapeutique ».
Pompon, avec sa jeunesse et sa bonne humeur, sera le premier chat à jouer ce rôle important, qui permettra de faire évoluer les mentalités.
Roman fort. Histoire authentique qui immerge le lecteur dans un univers inhabituel, auquel il est surpris de s’attacher.