J’ai débarqué un jour sur ta côte sauvage,
En devinant déjà ta splendide toison,
Le goût et les senteurs de ta végétation ;
L’accueil de tes oiseaux fut un heureux présage.

Tout respirait en toi de bonheur et d’amour,
Et d’humide chaleur. Vite j’ai fait le tour,
Palpitant de désir, de ton site exotique.

Et ton âme et ton cœur m’apparurent soudain,
Trésor abandonné par quelque vieux marin,
Alors qu’il explorait l’Océan Pacifique…

Abandonnée au vent, une plume voyage…
Lorsqu’elle vient à frôler les pieds d’un nuage.
La pensant bien volage, ce dernier stupéfait,
Déclenche un bel orage, il se sent offensé !

Candide, Petite plume se laisse aller au piège…
Elle danse et elle rit dans les tours de manège,
Qui la font tournoyer au milieu d’un cortège,
Composé de feuilles, de brindilles et de liège !

La colère débordante de vapeur infernale
Le nuage crache alors toute sa bave pluviale
Mais sa rage diluvienne, ne touche la légère
Sauvée par le vent, de cet affreux pervers.

Possessif son amant, la souffle un peu plus loin
Si la plume veut jouer, qu’elle évite l’embonpoint
D’un hostile grognon qui stagne pour pleurer
La perte de son conjoint en gouttes d’eau salées.

Et La plume sous le choc, embrasse son allié
Elle dansait stupidement sans penser se sauver !
Mais le vent, voyez vous, veillait sur le cœur
De sa douce en voyage au pays des fleurs.

Je voudrais être un cormoran
Pour plonger dans les flots, pêchant
Des poissons et des coquillages
Survoler tous ces beaux rivages
Dunes de sable ou de granit
Là où certains oiseaux habitent
Avant de repartir au loin
À l'automne quitter ce coin.

Je voudrais être un cormoran
Pour être libre mais pourtant
Je subis les vents, les orages
Pas à l'abri d'un dérapage
Qui pourrait me gâcher mon vol
Ou me briser dans mon envol
Vers tous ces pays inconnus
Que du sable à perte de vue.

À chaque journée achevée
Je chemine un peu plus vers lui
Passante d’un cours délavé
Où son ombre me guide et luit.

Il m’accompagne, un peu distant
Un peu là haut comme une étoile
Sur mon parcours au fil du temps
Laissant à mes yeux comme un voile.

Car il a bien fallu poursuivre
La route que le corps impose
Quand mon fils à cessé de vivre
Que dans ce cas, le cœur implose.

Je ne sais pas combien d’années
Me restent en pèlerinage
Pour retrouver mon premier né
Mais l’amour seul est mon voyage.

À chaque pas, chaque seconde
Avec sourire en apparence
Je quitte lasse un peu ce monde
Mettant un terme à son absence.

Du temple de Karnak aux frontières du Soudan
De la vallée des Rois aux confins d’Assouan

La semence sacrée de ton précieux limon
Fertilisait les terres soumises à tes lois,
Et lorsque le peuple attendait un signe de toi,
Ton prestige égalait celui de Pharaon

Tu incarnes de l’Égypte la féconde matrice
Où tes enfants puisent leurs ressources vitales
Source intarissable aux vertus salvatrices,
Tu es de ce monde l’océan primordial

Le soleil s’abîme par-delà l’horizon,
Les ténèbres, bientôt, prendront possession des lieux
Le couchant dispense un spectacle prodigieux,
À nos regards éblouis une admirable vision

Témoins millénaires d’un passé prestigieux,
Des temples délivrent leurs lointains messages,
Autrefois érigés à la gloire des Dieux
Insensibles au temps, ils traversent les âges

Lorsqu’au crépuscule les felouques indolentes
Traînent sur les eaux leur apaisante langueur
Immuables s’écoulent les dernières heures,
De ce jour qui s’achève, dans une mort lente.

Après la piste, le lac
Après le lac, la colline
Après la colline, un autre lac
Après le lac, une autre colline,
Et puis, après la colline,
Et puis, au sommet de la colline,
Aussi loin que portent ses yeux
Cette terre blanche… la Russie
Et puis, au bout de la route
Aussi loin que porte son cœur battant
La lumière vive de Saint-Triphon
Eclaire les eaux grises de la mer ;
Et les bateaux ivres de Petsamo
Dansant aux vents du nord

L'arbre si malmené gémit telle une bête
Et, de ces maux, paraît demander la raison,
Minute incomparable où blêmit l'horizon,
Durant cette empoignade à mort de la tempête.

À de jours moins cruels l'ombrage tant aimé.
En roulant sur le sol, le feuillage essaimé
Semble nous dire «adieu», tout bas d'une voix blanche.

Cependant que là-haut, bravant le mauvais sort
Un nid muet demeure à cheval sur la branche.
La prochaine couvée chantera bien plus fort !

L'écume de la lagune se soulève dans l'eau
Ma vie se mêle à ses reflets, je fais un vœu
Et je me sens noyée dans ton regard si beau
Où toute cette splendeur éclabousse mes yeux

Voyage dans les îles, voyage dans les vastes atolls
Les plages sont blanches, l'eau en trois tons bleutés
Le sable couleur de neige, d'où un oiseau s'envole
Au loin j'aperçois les palmiers, superbes cocotiers

C'est le coucher du soleil en rougeur de feu
Puis le ciel rejoint l'eau, on dirait un mirage
Tout en apothéose de tons à l'image de Dieu
Et c'est l'éternité qui se grave en image

Je suis souvent partie sans jamais voyager
Seules, les cartes postales m'ont permis de rêver
Je me glissais dans les enveloppes de papier
J'ai visité alors tant de villes, de pays ignorés

Ces endroits pour moi ne sont que de petites miettes
Je ne les connais pas, je suis restée sur ma planète
Le plus beau des voyages se trouve dans ma tête
Je le fais avec toi, toi, mon plus bel horizon de fête.

Les nénuphars dressent leurs fleurs étincelantes,
Dans l'air parfumé leurs tiges se balancent, ondulent.

Regarde ! Ils dansent, dansent
L'eau tremble sous les reflets du soleil...
Dans une harmonie parfaite,
Les couleurs s'entremêlent.
L'air est divin, le ciel parme

Les grenouilles croassent
Sur l'herbe aquatique, la libellule se pose légère
Frôle l'eau de ses ailes argentées,
Un instant, inerte, fait une pause.

Je vous invite au bord du lac,
À longer le long sentier, au fil de l'eau.