Wéma, un esprit libre et rationnel

... Dès que la nouvelle se propagea sur ce séjour vers les terres connues pour leur relative sécurité, Aïda lui rappela avec insistance : « ton avenir est ici fiston auprès des tiens après tes études… Depuis la disparition de votre père, je vous ai représenté partout où c’était nécessaire comme font toutes les veuves dont les enfants ne peuvent encore s’affirmer...Qu’allons-nous devenir ? Non, tu ne peux et ne dois partir. Ta place est ici. »

- « Non maman ! Laisse-moi partir s’il te plait », répéta Wéma. « Ne t’inquiète pas, souffla-t-il tendrement à l’oreille d’Aïda. Tout se passera très bien »…

- « Dois-je retenir que tu ne veux pas changer d’avis ? », réitéra sa maman…

- « Mère, écoute-moi bien », reprit Wéma, la prenant par les épaules et la dévisageant. « Nous ne pouvons continuer à appliquer aujourd’hui les codes de votre génération ! Notre vie n’est plus seulement ici avec vous !», précisa-t-il fermement sans se soucier de la fragilité ou des émotions de sa mère. «Je t’implore d’accepter que tes fils ou tes filles ne seront plus nécessairement près de toi comme tu l’as été avec Sama… »

 

La main tendue dans l'épreuve

. « Mais ces spécialistes apportent ce dont nous avons besoin ! », s’écria Roudy. « Tu ne peux pas imaginer comment les résidents des zones urbaines et rurales sont heureuses pendant les interventions gratuites des ophtalmologues ou chirurgiens ! On dirait qu'ils sont guéris avant consultation! »
-« C'est vrai, tu as raison! Mais ce n'est pas si simple comme je te l'ai dit », insista Dona. « Ils ont des domaines d'actions. »

-« Alors dans ce cas, nous savons ce qui nous reste à faire : aux âmes locales de bonne volonté de s’organiser pour alléger les souffrances de leurs proches ! », crépita-t-il d’un ton résolu. « Toutes ces raisons justifient entre autres, la création d’une chaine de solidarité… »

Des richesses à découvrir pour la suite du combat

Au moment où les parties se mettaient en quatre pour honorer le partenariat, les Nabus renforçaient la violence. L’objectif consistait à déstabiliser les terriens qui aspiraient à s’approprier une connaissance qui leur était réservée jusque là. Bien qu’étant des mutants, ils s’entretenaient par ces plantes qui ne poussaient nulle part ailleurs… Après une neuvaine de jeûne et de prière comme indiqué par la jiéguou, l’enfant-forêt entrait en contact avec le mandataire principal de tout le système.

- « … Je sollicite votre entremise auprès de Dieu afin d’atténuer à défaut d’éradiquer tous les malheurs dont les miens et moi-même sommes victimes… ». «Oui, comme tous les maîtres de la nature appelés à contrôler et protéger les activités terrestres, je vous connais petit », rétorqua Hermèssou de sa voix grave. « Je n’ignore pas vos combats... Quant à vos compagnons supposés rayés de la carte des vivants pour certains …, ils se sont rendus en forêt où ils se sont égarés. En suivant le premier chien rencontré qui longeait les rivages d’un cours d’eau, ils espéraient revenir à la case départ. Or cet animal vivant avec ses maîtres dans le grandiose sous-terrain de votre région, vos hôtes s’y sont engouffrés et n’ont pu retrouver la sortie. »

- « Pardon ? », coupa Wéma qui ne comprenait pas les dernières indications. Maîtrisant mal l’histoire des Bantous installés successivement dans le golfe de Guinée, il ignorait comment ils combattaient l’ennemi.

- « J’ai parlé du luxuriant domaine situé sous-vos pieds », répéta Hermèssou. « N’existant plus de combattants pour t’aider à évoluer dans ces autres mystères, fait appel aux aînés du peuple-forêt qui ont toujours eu la facilité d’y circuler par leur taille. Ils vous guideront et surtout, beaucoup de courage fiston pour la suite ! »…

La force de la solidarité

... « De ceux qui ont réussi à accéder au bien-être individuel, on attend qu’ils le mutent en bonheur collectif. En pesant sur les décisions locales et internationales, ils réduiraient les menaces… Tout se crée ! La nature met ses richesses à la disposition des hommes. A eux de les modeler en fonction de leurs besoins et intelligence… On retrouve tout là-bas ! C’est juste encore un terrain en friche avec sa broussaille ici, son sable et ses poussières par-là ! C’est son côté ensorcelant ! … Nous devons aller prêter main forte à ceux qui y sont déjà implantés. Seul le grand bloc a encore le privilège de rentrer dans une ère de mutations simultanées. Outre la prise de conscience des enjeux écologiques pour préserver ce grand espace forestier mondial, l’économie verte y est en marche. Entre la mutation agricole et l’autonomie énergétique suivie par l’envol industriel, les perspectives heureuses s’annoncent. Quand on prend l’économie numérique, principal levier de la croissance des collaborations nouvelles grâce au débit de la fibre optique et des cadres sous-marins, de nombreuses réponses seront apportées. Tout cela est magique ! Donner la vie là où l’on imaginait que du sable chaud, est fantastique !

La Wémaland suffoquait sous la pression d’incommodités extra larges. Les luttes de pouvoir ne se dissimulaient plus dans cet espace en remodelage. Les impératifs politiques et économiques repoussaient les rêves d’équilibrage. Le jeune Wéma au mental de roc et rompu pour se relever après les accrocs, ne reculait pas devant les chocs. Il conviait proches et compagnons à renoncer aux migrations en traçant des voies locales sécurisées. Il les incitait à empoigner la solidarité comme l’une des clés déverrouillant la porte des potentialités.
Mais l’habile stratège aura-t-il la stature du leader capable de les conduire en position de rebondir ? Restera-t-il maître du jeu après les collisions de leur système d’alliances ?
Voilà un suspense à la gloire de la résilience. En attendant les politiques innovatrices qui garantiraient la réviviscence, les inventifs prenaient les improductifs par la main. Comme des oiseaux migrateurs à la quête de chaleur, tous craignaient les froideurs. Ils voguaient vers un autre ailleurs, faisant des escales surprises. Au gré des connaissances, ils transformaient leur espace.