Boomerang - extrait

Nous sommes le 4 février 2020, c’est la journée internationale de lutte contre le cancer.
Hasard du calendrier, j’étais présent à l’Assemblée Nationale puisque je participais à une table ronde au sujet de la santé environnementale au XXIe siècle, à l’initiative de la députée de Loire Atlantique, Sandrine Josso, ex « En marche » et membre d’un groupe parlementaire fondé en octobre 2018 « Libertés et territoires ». Son groupe se définit comme « minoritaire » et refuse de se présenter comme étant dans la majorité ou dans l'opposition au gouvernement.
Je connais très bien le sujet puisque cette proposition de loi est à l’initiative de Pascaline Meyer, qui a créé l’association « Le sourire de Lucie », à la suite du décès de sa fille, d’un cancer. Nous nous sommes rencontrés la première fois en mai 2018, lors du premier colloque de la fédération « Grandir Sans Cancer », à laquelle nous sommes adhérents. Pascaline est une battante. Elle a convaincu plusieurs élus du bien-fondé de sa demande, non pas pour se faire plaisir, mais pour aider les familles, les parents qui perdent un enfant. Ils sont 4 500 chaque année en France, dont 500 en raison du cancer. Cette proposition de loi a été portée par Guy Bricout, député UDI du Nord, qui pensait, tout comme Pascaline, tout comme les 94 associations signataires du manifeste de « Grandir Sans Cancer », que le texte serait adopté à l’unanimité, un texte qui se voulait transpartisan et que nous considérons comme logique et nécessaire, en tant que parents d’enfants atteints de cancers.
Il n’en fut rien.
C’est dans ce contexte que la ministre du travail, après avoir suggéré un rejet du texte à ses troupes, dans le but de «ne pas pénaliser les entreprises», a entamé un rétropédalage forcé à la suite des maladroites justifications des députés qui ont snobé cette proposition de loi destinée à porter de 5 à 12 jours le congé pour deuil parental dans notre pays. Dans le même temps, notre groupe de travail planchait sur la multiplicité des facteurs environnementaux qui génèrent de plus en plus de maladies chroniques, notamment des cancers.

Introduction - extrait -

Je me souviens de mes poèmes, de mes écrits, des lettres à mon père, d'un début de livre que j'avais intitulé en 1996 « La rue de ta dernière demeure » relatant les mois et premières années qui ont suivi le décès de papa. L'écriture de « Palindrome » m'avait presque fait oublier cet ouvrage.
Après la parution de « Palindrome », je me suis rapidement projeté en me disant qu’il était temps de retranscrire vingt-trois ans plus tard, mes mots de l’époque. Dans un premier temps, j'avais pour idée de titrer « Nous ne nous sommes pas tout dit », une sorte d'autobiographie épistolaire. Je prévoyais de m'écrire à moi-même, prenant pour trame principale, le double de mon âge de l’époque.
J'optais finalement pour des sortes de suites, au pluriel, à la fois de « Palindrome » et de « La rue de ta dernière demeure », tout en projetant d’y incorporer certains textes de l'époque, que je peux qualifier de « remastérisés » ; disons plutôt d'une réécriture de tranches de vies d'un « young adult » en perte de repères après la disparition de son modèle, son inspiration, son père, son alter ego. Je décide finalement, à la relecture de certains de mes écrits, de calquer mon quotidien actuel avec celui de l'époque. Après tout, j'ai effectivement des choses à me dire, à vous dire, ainsi qu'à mon père.
Nous sommes uniques mais nous sommes plusieurs « nous ». La personne que j'étais à vingt, trente, quarante ans, n'était pas la même qu'aujourd'hui. Papa parlait très souvent d'expérience, je confirme qu'on ne l'achète pas. « La sagesse ne peut venir que de l'expérience » selon le fondateur de l'Aïkido « Morihei Ueshiba ». Je le crois profondément désormais.

Troisième extrait -

Sans avoir véritablement creusé le sujet, nous avons donc répertorié cinq cas de maladie rares dans un rayon de 18 km dont 4 dans un rayon de 7km, 3 dans la même ville. Je ne suis ni médecin, ni statisticien, je suis juste un parent qui cherche à comprendre. J’en parlais lors d’une journée au profit de «Vaincre la muco», avec la maman d’un enfant atteint de mucoviscidose, que j’évoquais dans un article paru dans Le courrier picard. Elle habite à 12km de chez moi.
Ce dont nous sommes certains, c’est que les avions survolent nos bourgs et que nous ne connaissons pas les conséquences de ces rotations toujours plus importantes. Je sais également que notre région fait partie des mauvais élèves en matière d’utilisation des pesticides Une base de données répertoriant le nombre d’achats de produits phytosanitaires par commune a été dévoilée par Mediapart, repris par La voix du nord ce 4 juillet 2019. La région Hauts-de-France a acheté 8 475 tonnes de pesticides en 2017. Ce qui en fait la deuxième plus grande acheteuse du pays derrière la Nouvelle-Aquitaine. Au menu, prosulfocarbe (usage d’herbicide de nombreuses graminées), mancozèbe (fongicide de contact), chlorméquat chlorure, huile de vaseline, glyphosate, chlorothalonil, métamitrone, pendiméthaline, chlortoluron et soufre micronisé. Appétissant non ?
Alors, concernant la recrudescence de cancers pédiatriques, s’agit-il de hasard, de coïncidence, de synchronicité ?
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Et si les coïncidences avaient un sens ? Notre monde en fourmille qui peuvent être frappantes, selon Jung, qui a défini la synchronicité comme une coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal entre eux et possédant un sens identique ou analogue.

 

Présentation de l'ouvrage et commande

16 juin 1995 : un père décédé trop jeune. 15 février 2017 : un fils atteint d'un cancer. Deux époques, deux traumatismes confrontés.
Avec «Palindrome - La face cachée d'une LAL », Laurent Georges nous a fait entrer dans l'univers des cancers pédiatriques.
Avec Verso(s), il se met à nu, dévoile sa sensibilité, ses fragilités son combat et ses engagements qui le mèneront jusqu'à l’Assemblée nationale en tant que bénévole au sein de la fédération Grandir Sans Cancer.

Un récit profondément humain, absolument sincère. Un témoignage de résilience en mire.

Lettres, poèmes, philosophie, données concrètes et quotidien se mêlent avec l’évidence d’un vécu toujours en quête d’absolu, d’un esprit généreux souhaitant faire connaître l’incidence d’une maladie mortelle touchant un enfant au sein d’une famille. Un écrit révélant courageusement la majeure partie de l’iceberg.