La lune

Les sermons déchirés et les coups de canifs
Pour un baiser volé, des sentiments tardifs
Et la lune n’éclaire que les amants blasés
Sous un fil de lumière, l’illusion d’exister

Au théâtre des corps, le jeu devient nocif
Pour un diable dans le corps, pour tailler dans le vif
Et la lune décroît tous les amants perdus
On le rêve mille fois et puis on n’y croit plus

Les silences inquiétants des cœurs à la dérive
Les baisers d’un regard et les poses lascives
Mais la lune ne croit plus à l’amour des passants
Elle ère dans le brouillard et se lasse du temps

La lune, pauvre tombeau de mes anges déchus
« Depuis l’éternité je parcours », tu me tues
Sous un fil de lumière, pour un regard déçu
Ceci n’est pas un vers, seulement du temps perdu

Rimbaud

Se baigner dans tous tes poèmes
Tandis que flottent les rimes, les peines
« Je est un autre » écrivais-tu
« Les bateaux sobres », du déjà-vu

Chercher les poux à chaque rime
Comme une offense illégitime
Et ton visage comme un quatrain
Qui se dessine, qui se retient

Se baigner dans tous tes poèmes
Tandis que flottent les rimes reines
Se noyer dans mes mots trop mous
Ne pas oser, ne pas dire nous

Chercher les poux à chaque rime
Dans le reflet ou dans l’intime
Se baigner dans tous tes poèmes
Trouver la chose qui fait qu’on aime

« Je est un autre » écrivais-tu
Les bateaux sombrent à perte de vue

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Parfums de spleen

Les parfums de spleen dans l’ombre du soir
Le goût d’un sourire, le sel d’un espoir
Séduire puis détruire, les rêves illusoires
Le bruit de la ville, les pertes de mémoire

Et tu sais déjà, et tu sais d’avance
La trace du rien, le manque de chance
Au fil d’un soir qui meurt en silence
Regard maquillé pour une dernière danse

Les parfums de spleen dans l’ombre du soir
L’errance orpheline et les idées noires
Jouer la victime, les nuits sans mémoire
Et perdre le fil, et se mettre à croire

Le temps se courbe et la fille se penche
Et tu sais déjà, et tu sais d’avance
Tout disparaît, tout se mélange
Le brouillard épais qui noie tes silences

Les parfums de spleen dans l’ombre du soir
Les souvenirs indignes, les lunes trop noires
Les ombres cachées, les effluves d’absents
Le jeu du miroir, les larmes d’un enfant

Tache d'encre

Une tache d’encre à l’horizon
Un sentiment en diapason
Le son d’un corps à ses côtés
On rêve, on dort mais à moitié.

Une nuit tachée à l’horizon
Dans le passé, dans la passion
Un corps qui crève à ses côtés
Et nous, on retourne se coucher

Une tache d’encre en souvenir
Dans notre enfance et nos soupirs
Une tache « bleue comme une orange »
L’orage de Dieu et de ses anges

Un visage d’ange qui se dessine
Et des étoiles au bout des cils
On se rendort comme si de rien
Alors que la mort est dans ses mains.

On écrit pour tacher encore
tacher la pudeur de son corps
Écrire encore pour effacer
Le rouge sang qui s’écoulait

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Présentation de l'ouvrage et Commande

Les mots des Autres
Dans ce premier recueil, le poète, imprégné des textes de grands auteurs, nous livre une démarche singulière : Partir des mots des autres, pour écrire ses mots à soi ; voler les mots des autres, pour décrire les choses en soi, c’est là tout le défi de cet ouvrage.
Les poèmes de ce recueil s’inspirent des vers de poètes classiques. Il s’agit autant d’un hommage que d’une appropriation. À travers ces textes, l’auteur mène en fait une réflexion sur le langage poétique, tout à la fois universel et intime, partagé et privé.
Une écriture classique privilégiant l’octosyllabe où le lecteur se plaît à retrouver des références connues, tout en découvrant les thèmes et la sensibilité propres à l’auteur.